Les Mots Doux
Les Mots Qui
(Ben Gourion / Eric Dubreuil)
Il y a quelques temps
J’étais un commerçant
Commerçant De mots doux
J’achetais je vendais des mots doux
Des mots d'où ?
Des mots d’ici, des mots d’ailleurs, bref, des mots
de partout
J’avais mis une enseigne
Et une boutique dessous
Je m’étais procuré un néon
Et j’avais écrit avec
Le noir
Sur le blanc
DES MOTS D’OU
Je pensais que ce lieu
De mes rêves les plus fous
Faits de papier et d’encre
Et de mots super doux
Me servirait à vivre
Et à vendre mes mots
Et à avoir des sous
En échange des mots
J’avais beaucoup de mots
Mots communs, mots spéciaux
Mots endimanchés
Mots gentils mots grossiers
Mots bigots
Mots pour maux
Mots de ville de campagne
Techniques et étrangers
Simples et composés
Mots ouverts mots fermés
Sympathiques elliptiques
Au détail et en gros
Tous les mots de ce monde
Je les avais
En stock.
Et la ponctuation;.!
!
En option
Moyennant
Supplément
Et considération
Noir et blanc
Mon idée
Que j’avais déposé
A l’Institut Français National des Mots Doux
Etait de proposer à un client, pas vous,
Un échange
de mots
Quand sa tête me plaisait
Ou bien
S’il avait une sale tronche
Un troc avec
Des sous
Je fournissais aussi un mode d’emploi pour mots
Et j’avais deux rayons
Un rayon de bons mots
Et un de mot à mot
( musique )
Une dame poussa la porte
Le jour de l’ouverture
De l’enseigne
Avec la boutique dessous
Et cette dame coquette en tailleur pervenche demanda
Un mot doux ?
Elle voulait un mot doux
Elle trouvait que sa vie n’allait pas
Que des gens impolis que des maris jaloux
Comme vous
Comme moi
Comme Marie
Je lui dis
Chère Madame je vous aime, et vous me rendez fou, voilà ça fait cent sous Savez-vous ce qu’elle fit ?
Elle me claqua le nez, et la porte, en hurlant
Un amour à cent sous ? Aussi vite ! Et ben vous
Et partit sans payer.
Moi, j’avais l’électricité du néon, tous les frais…
( musique )
La deuxième journée
Un sourd muet aveugle
Et noir de surcroît
Entra dans la boutique
Venu on ne sait d’où
Avec sa canne blanche
Et puis son bon toutou.
C’était là.
Sur l’écriteau tout prêt
Qu’il avait à la main étaient écrits
Ces mots
AIDEZ MOI, JE SUIS FOU
Je lui donnais cent sous
( musique )
Au soir du troisième jour
Je n’avais vu personne
J’avais bu douze cafés
Sept bières
Et mon chat quant à lui
J’ai un chat Me regardait avec un drôle d'air
(musique)
C'est alors que Marie
La patrone d'ici
Est entrée dans ma vie
Elle inspecta les lieux
Avec ses talons hauts
Analysa et dit
T'as rien compris Coco
J'te l'achète ton fourbi
Pour l'euro symbolique
J'en fais un bar à thème
Et tu viendras chanter
Et dire tes conneries
Moi j'vends d'la limonades
C'est du concret petit !
J'ai vendu à Marie
La patrone
J'écoule mes invendus
la matrone
Les mot d'où les mots qui
J'les fredonne
J'ai perdu tout espoir
d'la Sorbonne
Et quand elle me sourit
Je détonne
Les mots doux les mots qui
J'les fredonne....