(335) M. Hublot à Buenos Aires. (13) Adresse au Lecteur virtuel.

BsAs, Jeudi 24 juin 2010.

Avez-vous remarqué, lecteurs virtuels, exigeants et ingrats, combien mes personnage ne me ressemblent pas ?

Prenez Hublot, par exemple : ce type est gros, myope, laid, totalement dépendant et méchant avec moi, quand je suis plutôt svelte (malgré un petit ventre), que ma vue est à ce jour convenable, que ma beauté toute intérieure illustre ce récit, que mon indépendance s'affiche volontiers et que, surtout, je suis au petit soins pour lui (sauf quand il exagère, ce qui est souvent le cas.

M. Hublot.

Quand à Ojo de Buey, son style peu démocratique, ses envies d'élitisme, son ascendance hispano-arabo-basque nobiliaire de pures races mêlées m'est diamétralement opposée. Je ne suis que le Juif d'Ojo de Buey, Juif de Cour, certes, et son avocat encore, mais juif tout de même, Mesdames Mesdemoiselles Messieurs !
Ojo de Buey.

Hublot est protestant. Ojo catholique pratiquant. M. Peep Hole, dont j'ai encore peu parlé, est un Mormon c'est sûr, un Mormon secret appointé successivement par W. Bush et Barak Obama pour contrôler ce qui est par définition incontrôlable : nos rêves, et ceux d'Ojo de Buey ici.

M. Peep Hole lors de son unique campagne électorale dans les rangs républicains.

Pourquoi ces différences notables entre Eux et moi ?

C'est sans doute que ces "caractères" (au sens théâtral du terme), me servent de compensation. Ils fonctionnent avec moi comme des vases communicants à géométries variables, ce qui, je le confesse, est finalement assez pratique.

Après avoir laissé Ojo de Buey à ses rêves de conquistador, je m'étais ce soir là autorisé quelques liberté pour aller danser encore et toujours le tango. J'avais pris un taxi (ils sont bon marché à Buenos), et étais tombé sur un homme exceptionnel partout ailleurs sauf ici.

Hugo Vega (c'est son vrai nom, tel mobile 15 39 16 65 68) a un "taxi concert" : il chante le tango en conduisant, détaille les mots des chansons, "las lettras" comme on dit ici, avec un plaisir, une joie, un entrain de grande qualité. Il me fit certes faire de multiples crochets inutiles pour augmenter la note, mais bon, le voyage en valait la chandelle. Nous chantions ensemble à gorges déployées.

Il m'emmena au Salón Cannings, lieu de tango connu aux vespasiennes hallucinantes : un Musée du Tango portègne quasi égal, en qualité et originalité, au plus sérieux Musée Mondial du Tango argentino situé, lui, à deux pas de la brasserie Tortoni.

C'est là, au Salon Canning, que j'ai rencontré Viviana, une pianiste de jazz qui dansait elle aussi et aimait beaucoup "tocar su piano".

Hublot, qui était revenu dans le récit, me faisait les gros yeux.

Pourquoi, on se le demande bien !