24 août 2007
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09:25
Quelle Vérité ?
Véronique est morte
Véronique est morte
Et il vit
Le salaud
Il vit son assassin
Qui des ses coups de bottes
Pétrifia son destin
Pétrifia son destin
Véronique est morte
Véronique est morte
Et le voilà héros
Sur cette scène ignoble
Où il ose être beau
Véronique était morte
Véronique était morte
Et les juges humanistes
Et les experts psycho
Les avocats moirés et les témoins bigots
Ne savent pas pleurer
Ils n'auront que des mots
Langue de bois du droit
Trémolos d'un trépas
Véronique ma fille
Véronique ma fille
Ecartelée voulue
Par un monstre sangsue
C'était deux enfants nus
Mais Véronique est morte
Mais Véronique est morte
La fureur meurtrière
Faucha son vol d'oiseau
N'était-ce vraiment qu'un jeu ?
Pouvais-je, d'une manière aussi
Pouvais-je, d'une manière aussi
ludique et esthétique,
et seulement cela,
aborder une matière
et seulement cela,
aborder une matière
que je savais bien,
par ma pratique,
tellement traversée de
par ma pratique,
tellement traversée de
drame, d'horreurs,
de difficulté de juger
et d'être jugé, de
de difficulté de juger
et d'être jugé, de
mensonge des hommes
et des institutions,
de meurtres odieux ?
et des institutions,
de meurtres odieux ?
Quand je parlais
de cette étrange projet,
qui consistait à mettre
de cette étrange projet,
qui consistait à mettre
en parallèle
des corps de justiciables
nus
et des robes
de basoche
des corps de justiciables
nus
et des robes
de basoche
je parvenais à être
convainquant.
convainquant.
Avec les avocats
que j'avais envie
que j'avais envie
de photographier
(ils avaient une vraie gueule,
elles avaient
(ils avaient une vraie gueule,
elles avaient
de la beauté),
cela n'avait
cela n'avait
pas été difficile.
j'avais toujours
été bien accueilli,
je bénéficiait
j'avais toujours
été bien accueilli,
je bénéficiait
d'une sympathie échangée
depuis des années,
je flattais leur ego,
leur robe était reconnue
ailleurs que dans un prétoire.
depuis des années,
je flattais leur ego,
leur robe était reconnue
ailleurs que dans un prétoire.
Avec les non juristes,
j'avais parfois eu plus de difficultés,
avec les jeunes surtout,
qui me bombardaient
de questions et
qui me bombardaient
de questions et
manifestaient une méconnaissance
préoccupante
de la chose
préoccupante
de la chose
judiciaire.
Ma propre fille
Marie Rachel, qui est comédienne
Ma propre fille
Marie Rachel, qui est comédienne
et auteur,
me laissa pantois
car elle ne comprenait pas,
me laissa pantois
car elle ne comprenait pas,
à vingt sept ans,
que les témoins
doivent jurer
de dire la vérité,
que les témoins
doivent jurer
de dire la vérité,
toute la vérité,
rien que la vérité,
et pas les prévenus, pas les
rien que la vérité,
et pas les prévenus, pas les
accusés
- Mais Marie, on n'est plus au temps de l'Inquisition, pas en France ni en Europe ni en Occident, en tous cas que je sache !
Je lui rappelais le mot d'un Président de Cour d'Assises(1) susurrant aux jurés, en feignant de s'adresser à moi, et parlant de mon client qui prenait quelque distance d'avec la vérité des faits :
- Maître, le mensonge est un système de défense comme un autre, votre client a le droit de mentir, et nous ne sommes pas obligés de le croire !
Au-delà de sa saillie redoutable et calculée, cet excellent magistrat rappelait deux vérités : le mensonge de celui qui est poursuivi agace, surtout s'il est grossier (on me prend pour un imbécile), mais il ne constitue pas un délit punissable ; le mensonge du témoin, par contre, est une infraction.
Je me souvenais aussi de la question de mon fils Emmanuel me disant, à douze ans environ :
- Papa, j'ai une question à te poser, mais tu dois répondre par oui ou par non, tu acceptes ?
J'avais senti le piège, mais avais accepté son jeu.
- C'est quoi ta question ?
- Papa, est-ce que les avocats ont le droit de mentir ?
Bonne question, bon, il faut faire une réponse compréhensible par un môme, pas si facile...
- Euh, L'avocat est lié par le secret professionnel. La loi lui interdit parfois de révéler ce que son client lui dit. Ta question, ce n'est pas le problème, ou, si tu préfères, il est souhaitable qu'il ne mente pas, mais, bon, parfois il doit se taire?
- T'as pas répondu par oui ou par non, donc j'ai compris !
Il n'avait rien compris du tout, ou il avait compris ce que la vox populi croit comprendre et colporte : les avocats sont des menteurs et des baveux. Ils noient le poisson quand ça arrange leurs petites affaires. Mais le peuple et l'enfant se trompent ici (sauf à avoir politiquement raison et juridiquement tort...) : l'avocat n'est pas à la recherche de la vérité(2), il n'est ni juge d'instruction ni policier. Il est à la recherche d'une défense. Point barre. La sortie est par là. Y'a pas photo quoi !
(1) Monsieur ROBIN, Président de la Cour d'Assise du Rhône.
(2) Ce qui ne fait pas de lui un naïf ou un hypocrite...vaste débat, on en reparle un jour ?
(2) Ce qui ne fait pas de lui un naïf ou un hypocrite...vaste débat, on en reparle un jour ?