Rencontres Dédicaces avec Abraham Bengio Directeur général adjoint de la Région Rhône-Alpes à l’occasion de la sortie de son livre QUAND QUELQU’UN PARLE, IL FAIT JOUR UNE AUTOBIOGRAPHIE LINGUISTIQUE d'abord Le jeudi 29 novembre à 19h30 à la Communauté Juive Libérale Rhône-Alpes 7, quai Jean Moulin 69001 – Lyon tel : 04 72 00 27 13 Métro Hôtel-de-Ville La figure du juif dans l'œuvre d'Albert COHEN Conférence d'Abraham BENGIO mercredi 12 décembre à 20h 30 Salle Condé 30 rue de Condé Lyon 2e (métro Ampère ou Perrache) P.A.F. : 10 € Tarif réduit : 5 € Amitié judéo-chrétienne Groupe de Lyon et région 6 avenue Adolphe Max 69 005 LYON amijc.lyon@free.frww.ajcf-lyon.org | | |||||||
" Un Tangérois parlant toutes les Langues de la Méditerranée ": ainsi Jorge Semprun a-t-il un jour qualifié Abraham Bengio. Il faudrait ajouter que cet agrégé de lettres classiques, ce haut fonctionnaire expert ès affaires culturelles, est aussi un militant enthousiaste de la diffusion artistique et du dialogue entre les cultures. Flamboyante déclaration d'amour à la langue française et à l'école de la République, cette " autobiographie linguistique " d'Abraham Bengio est aussi un plaidoyer passionné pour le plurilinguisme. Elle est suivie d'un entretien avec Thierry Renard, cavalcade joyeusement désordonnée qui - de Tanger à Charbonnières-les-Bains en passant par l'abbaye de Thélème, la grotte Chauvet-Pont-d'Arc et le conflit israélo-palestinien. " Un jour, disait Boris Vian, il y aura autre chose que le jour... ".
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Abraham Bengio est né le 6 octobre 1949 à Tanger, en Maroc et il a été naturalisé français en 1971.
Après des études et de nombreux diplômes en poche (maîtrise de lettres classiques, puis agrégation de lettres classiques ; licencié en linguistique générale), il a successivement été, entre autres, professeur de lettres dans un lycée en région parisienne, directeur de l'Institut français de Madrid, directeur régional des affaires culturelles de plusieurs régions, délégué général adjoint à la langue française et aux langues de France... Outre sa langue maternelle, l'espagnol, il pratique notamment le français, l'anglais, l'italien, l'hébreu et le catalan... Par ailleurs, Abraham Bengio a aussi été président de la Maison d'Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés.
Il vient de sortir un livre d'entretiens le 12/10/2007 : Quand quelqu'un parle, il fait jour - Une autobiographie linguistique, Edition La Passe du vent, 192 pages, 13 €
EXTRAITS
"Sans doute aggraverai-je mon cas en confessant que je me suis longtemps méfié des pédagogues. Les choses me semblaient très simples. On aime le français, ou les mathématiques, ou l'histoire. On y consacre sa vie. On s'aventure alors sur des territoires jusque-là inexplorés. Un jour vient où, parce qu'on vous en juge digne, on vous confie des élèves, de jeunes esprits que vous avez la chance inouïe de pouvoir entraîner avec vous, derrière vous - jusqu'au jour où vous aurez la fierté de les voir passer devant vous. Votre coeur déborde,votre bouche s'ouvre. Vous êtes devenu un maître, vous n'existez que par vos élèves et dans votre commune passion pour la science. Quel besoin de pédagogie ? Celui qui meurt de soif, ai-je besoin de lui enseigner à boire ? Je préfère puiser pour lui de l'eau fraîche, à pleins seaux ! Au fond, je souffrais - excusez du peu ! - du syndrome de Malraux : sa religion de l'art l'inclinait à penser que l'oeuvre s'impose d'elle-même, que sa présence réelle suffit à toucher tous les coeurs sans qu'il soit besoin d'aucune médiation ; et moi, qui ai tant admiré certains de mes maîtres, je ne faisais guère de différence entre l'enseignement et la révélation. Seul le mauvais latiniste, le géographe hésitant, incapables de susciter l'enthousiasme de leurs élèves pouvaient avoir besoin de la science pédagogique, cette béquille de l'incompétence.
J'ai été guéri d'abord par là-même où j'avais péché. C'est-à-dire que j'ai connu des militants généreux et enthousiastes dont je ne pouvais douter qu'ils fussent des maîtres selon mon cœur : mais c'étaient aussi des maîtres de pédagogie. J'ai vu ainsi une amie très proche descendre dans l'arène (elle enseignait, par vocation, dans un des quartiers les plus difficiles de Barcelone, peuplé de charnegos)(1). Elle se saisissait d'un problème difficile. Elle le réduisait à une série de propositions simples, en organisait la progression, inventait des exercices adaptés aux élèves dont elle avait la charge. Elle ne baissait pas les bras tant qu'un seul d'entre eux n’avait pas effectué le parcours. J'en avais les larmes aux yeux : on pouvait donc aimer ses élèves autant que la discipline qu'on était chargé de leur enseigner !
C'est dans ce grand écart que se tient ma réponse la plus intime à votre question. Tant pis si elle apparaît un peu utopique. Qui sait même si ce n'est pas d'un peu d'utopie que l'école a aujourd'hui besoin ? Je crois que l'école doit avant tout former des citoyens, dont on aura développé la lucidité et l'esprit critique sans tuer la curiosité, l'ouverture au monde, la faculté d'émerveillement. Et je crois dans le même temps qu'il n'est pas de meilleure manière d'y parvenir que de susciter leur admiration, d'éveiller chez eux l'esprit d'émulation, le désir de s'instruire, non pas tant pour vaincre les autres que pour se dépasser soi-même. Le reste, les outils, la méthode, le programme, sera facile à acquérir pour celui qui a découvert que décidément oui, il n'est rien de plus gai que le savoir ! "
(1) C'est le nom, très péjoratif, que les Catalans donnent aux immigrants de l'intérieur, notamment andalous; étymologiquement, le mot désigne un chien dressé pour chasser la nuit...